Présentation personnelle lors d'un oral concours : la méthode en 4 temps

L’oral de concours commence. Le jury vous regarde et prononce la phrase rituelle :

« Bonjour Madame/Monsieur, vous avez 3 [parfois 5 ou 10] minutes pour vous présenter. »

Ces 3 minutes sont, de très loin, les plus importantes de tout votre entretien. C’est votre “bande-annonce”. C’est le seul moment où vous maîtrisez 100% du contenu.

Pourtant, 9 candidats sur 10 commettent l’erreur fatale : ils récitent leur CV.

« Bonjour, alors j’ai eu mon Bac en 2012, puis j’ai fait une licence de Droit, ensuite j’ai fait un stage chez X, puis j’ai travaillé 2 ans chez Y... »

Le jury s’endort. Il a déjà lu votre CV. Il ne veut pas un historique, il veut une analyse. Il ne veut pas une chronologie, il veut une cohérence.

Votre présentation n’est pas un CV. C’est un pitch. C’est l’histoire d’un professionnel (vous) qui a un projet (le poste). Voici comment le bâtir.

L’erreur fatale : raconter son CV au lieu de vendre son projet

Le jury cherche à comprendre votre “fil rouge”. C’est le thème qui relie toutes vos expériences, même les plus disparates.

Votre fil rouge, ce n’est pas ce que vous avez fait, c’est ce que vous avez appris et développé.

• ❌ Mauvais fil rouge (chronologique) : “J’ai travaillé en mairie, puis chez un bailleur social, et maintenant je passe ce concours de l’Éducation Nationale.”

• ✅ Excellent fil rouge (par compétences) : “Mon parcours s’articule autour de la gestion du service public local. D’abord au contact direct des usagers en mairie [Compétence 1 : Sens du service], puis sur des enjeux stratégiques de logement [Compétence 2 : Gestion de projet]. Aujourd’hui, je souhaite transférer cette expertise...”

Le premier est passif. Le second est un récit actif et intentionnel.

Comment gérer les “trous” et les pivots de carrière ?

Personne n’a un parcours linéaire. Un “trou” ou une réorientation n’est un problème que s’il n’est pas expliqué.

N’utilisez jamais un langage négatif (”j’ai échoué”, “ça ne me plaisait pas”, “je me suis arrêté”). Utilisez un langage de pivot et d’apprentissage.

• Au lieu de : “J’ai raté le concours de...”

  • Dites : “Ma première tentative m’a permis de mesurer l’exigence requise. J’ai donc choisi de compléter mon expérience sur le terrain pour revenir avec plus de maturité.”

• Au lieu de : “J’ai quitté mon job dans le privé car ça ne me plaisait plus.”

  • Dites : “Mon expérience dans le privé a été très formatrice [citer 1 chose]. J’y ai cependant mesuré l’importance de l’intérêt général, ce qui a confirmé mon choix de m’orienter vers le service public.”

Chaque étape, même un “échec”, est une brique. Votre présentation doit le prouver.

La méthode en 4 temps : le “pitch du serviteur public”

Pour être percutante, votre présentation doit être dense, précise et structurée. Voici une structure en 4 temps qui a fait ses preuves.

1. L’Accroche (Qui suis-je et pourquoi je suis là ?)

Durée : 30 secondes Commencez par votre situation actuelle et l’objectif de votre présence. Ne commencez pas par votre Bac.

• Exemple : “Bonjour. Je suis [Nom], actuellement [Poste] / [récemment diplômé de...]. Si je suis devant vous aujourd’hui, c’est pour concrétiser un projet mûri et réfléchi : celui de devenir [Nom du poste visé].”

2. Le Corps (La démonstration de vos compétences)

Durée : 2-3 minutes C’est le cœur de votre pitch. Ne suivez pas la chronologie. Suivez votre “fil rouge”. Choisissez 2 ou 3 pôles de compétences majeurs que vous avez développés et qui sont pertinents pour le poste.

Illustrez chacun par une expérience précise (Objectif -> Action -> Résultat).

• Exemple : “Mon parcours m’a permis de développer deux compétences que je juge essentielles pour ce poste.

  • Premièrement, le pilotage de projet complexe. Par exemple, [décrire une mission en 1 phrase].

  • Deuxièmement, le management d’équipe dans un contexte de changement. [décrire une mission en 1 phrase].”

3. Le point de bascule (votre motivation)

Durée : 1 minute C’est le “Pourquoi”. Pourquoi la fonction publique ? Pourquoi ce ministère ? Pourquoi ce corps ? C’est ici que vous connectez vos compétences (passé) à votre projet (futur).

• Exemple : “Ces expériences m’ont confirmé dans mon choix. J’ai pu mesurer les limites de [l’action privée / mon poste précédent] et je suis aujourd’hui convaincu que c’est au sein de [Nom de l’administration] que je pourrai mettre ces compétences au service de l’intérêt général.”

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4. La projection (la conclusion active)

Durée : 30 secondes Terminez en vous projetant dans le poste. Montrez que vous savez ce qu’on attendra de vous. C’est une conclusion active, pas passive.

• Exemple : “Je suis donc prêt à m’investir en tant que [Nom du poste] pour, concrètement, [citer 1 mission clé]. Je suis à votre disposition pour échanger.”

Votre plan d’action (mise en pratique)

Une présentation ne s’improvise pas.

1. Identifiez votre fil rouge : Quel est le thème qui relie vos expériences ?

2. Rédigez le pitch : Écrivez intégralement votre présentation en 4 temps.

3. Chronométrez-la : Lisez-la à voix haute. Elle doit être fluide et tenir en 3-4 minutes.

4. Répétez : Répétez-la jusqu’à ce que vous n’ayez plus besoin de vos notes.

Une présentation réussie cadre tout le reste de l’entretien. Le jury ne vous interrogera pas sur vos faiblesses, mais sur les points forts que vous avez mis en avant.

🚀 Votre présentation est prête ? Testez-la !

Bâtir un récit cohérent est la Leçon 2 de notre méthode. Mais ce n’est que le début.

Savez-vous comment incarner la posture d’un agent public (Leçon 3) ? Comment gérer une mise en situation stressante (Leçon 5) ? Ou comment répondre aux questions pièges (Leçon 6) ?

Votre présentation doit être soutenue par une préparation complète.

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