• Oct 28, 2025

Le "syndrome de l'imposteur" du candidat : comment le surmonter pour convaincre le jury

Vous y êtes. La salle d'attente. Vos mains sont moites, votre cœur bat la chamade. Vous révisez mentalement votre parcours, vos connaissances... et soudain, cette petite voix :

"Qu'est-ce que tu fais là ? Tu n'as pas le niveau." "Les autres candidats ont l'air tellement plus à l'aise." "Tu as réussi l'écrit par chance. Ils vont te démasquer à l'oral."

Si cette voix vous est familière, vous n'êtes pas seul. Vous êtes simplement la dernière victime du syndrome de l'imposteur.

Je suis DRH dans la fonction publique et formateur depuis de nombreuses années. J'ai vu des candidats brillants, au dossier solide, s'effondrer devant un jury. Non pas par manque de connaissances, mais par manque de conviction. Ils n'arrivaient pas à s'approprier leur propre réussite.

Ce syndrome est l'un des points de douleur majeurs pour quiconque prépare un concours. La pression est immense, la sélection est rude, et le doute s'infiltre.

Mais voici la bonne nouvelle : ce n'est pas une fatalité. Ce sentiment est un ressenti, pas un fait. Dans cet article, nous n'allons pas seulement le comprendre ; nous allons le désamorcer. Nous verrons comment transformer cette peur en une force pour non seulement survivre à l'oral, mais aussi pour convaincre le jury.

🎯 Qu'est-ce que le syndrome de l'imposteur (et pourquoi le concours est son terrain de jeu favori) ?

Le syndrome de l'imposteur, théorisé dans les années 70, est ce décalage persistant entre vos succès objectifs (vos diplômes, votre réussite à l'écrit, votre expérience) et le sentiment subjectif de ne pas "mériter" ces succès. C'est la peur constante d'être démasqué comme une fraude.

Pourquoi les candidats aux concours sont-ils si touchés ?

  1. La culture de l'excellence : Le concours est, par définition, une compétition. Il ne s'agit pas d'avoir 10/20, il s'agit d'être meilleur que les autres. Cela alimente le perfectionnisme, qui est le carburant principal de l'imposteur.

  2. La comparaison permanente : Vous voyez les autres candidats, vous lisez leurs profils sur LinkedIn, vous entendez parler de leurs préparations intensives. La comparaison est inévitable et souvent destructrice.

  3. Les profils "atypiques" :

    • En reconversion : Vous venez du privé et tentez un concours interne ou externe. La voix vous dit : "Tu ne connais pas les codes", "Tu n'as pas le 'format' fonctionnaire".

    • En promotion interne : Vous êtes catégorie C ou B et visez le A. La voix vous murmure : "Tu n'es qu'un agent de terrain, tu n'as pas la vision stratégique d'un attaché ou d'un administrateur".

Ce syndrome est vicieux. Il vous fait croire que vos succès sont dus à la chance, au hasard, ou à une erreur de l'administration. Et que vos échecs, eux, sont la preuve irréfutable de votre incompétence.


🎭 L'impact dévastateur du doute face au jury

L'épreuve écrite teste vos connaissances. L'épreuve orale teste votre posture.

En tant que DRH et membre de jury, je peux vous l'assurer : nous ne cherchons pas une encyclopédie vivante. Nous cherchons un futur collègue, un futur cadre, une personne capable d'incarner le service public. Nous testons votre capacité à raisonner, votre clarté et votre assurance.

Or, le syndrome de l'imposteur attaque précisément cela.

Voici comment il se manifeste à l'oral :

  • Le ton de la voix : Hésitant, faible, qui se termine sur une note interrogative.

  • Le langage corporel : Regard fuyant, posture voûtée, gestes nerveux.

  • Les tics de langage : Abus de "je pense que", "peut-être", "excusez-moi", "je ne suis pas sûr, mais...".

  • La dévalorisation : "Je n'ai qu'une petite expérience de..." au lieu de "Mon expérience de... m'a permis de...".

Cas concret : Je me souviens d'une candidate à un concours d'attaché. Un parcours universitaire parfait, une expérience en collectivité très pertinente. Mais à chaque question du jury, elle commençait par s'excuser. "Désolée, c'est un sujet complexe...", "Je ne sais pas si je suis claire...". Le jury n'a pas vu une fraude. Il a vu une personne qui n'assumait pas son propre discours. Elle n'a pas été retenue, non pas à cause de ses réponses, mais parce que le jury ne parvenait pas à la projeter en situation de management ou de portage de projet.

Le jury ne lit pas dans vos pensées. Il lit ce que vous lui donnez. Si vous lui donnez du doute, il vous renverra du doute.


🛠️ 5 Stratégies concrètes pour reprendre le contrôle et vous sentir légitime

Surmonter ce syndrome ne signifie pas devenir arrogant. Cela signifie devenir objectivement confiant. Voici comment.

1. Renverser la charge de la preuve : Vous êtes légitime (par définition)

C'est mon conseil le plus important. Vous avez réussi l'admissibilité.

Le processus de concours est le processus de légitimation. Ce n'est pas une loterie. Des correcteurs experts ont jugé que votre copie était parmi les meilleures. Ce n'est pas un sentiment, c'est un fait. Vous n'avez pas à prouver que vous méritez d'être à l'oral. Vous devez confirmer ce que l'écrit a déjà démontré.

Action : Arrêtez de penser "Dois-je leur prouver que j'ai ma place ?". Pensez : "Comment vais-je leur montrer le potentiel qu'ils ont déjà détecté ?".

2. Le "kit de survie anti-imposteur" : rationaliser vos succès

Votre sentiment d'imposture est émotionnel. Combattez-le avec des faits rationnels.

Action : Prenez une feuille. Listez 20 faits (pas de sentiments !) qui prouvent votre compétence. Exemples : "J'ai obtenu mon Master 2 avec mention", "J'ai géré le projet X de A à Z", "J'ai réussi l'écrit du concours Y", "J'ai appris seul le fonctionnement des finances publiques", "Mon tuteur de stage a loué ma rigueur".

Relisez cette liste tous les matins et juste avant d'entrer dans la salle.

3. Changer de perspective : Le jury n'est pas votre ennemi

C'est une erreur fondamentale que font 90% des candidats. Ils voient le jury comme un tribunal d'inquisition.

La réalité, pour avoir été des centaines de fois de l'autre côté de la table : le jury est en situation de recrutement. Il a un besoin. Il veut trouver de bons candidats. Il n'est pas là pour vous piéger, il est là pour évaluer si vous êtes la solution à son problème (pourvoir un poste, trouver un futur cadre).

Voyez l'oral non pas comme un interrogatoire, mais comme une conversation professionnelle entre experts.

4. Accepter l'imperfection : Viser l'impact, pas la perfection

L'imposteur déteste le vide. Il croit qu'il doit avoir une réponse parfaite à tout.

C'est faux. Le jury teste aussi votre réaction à l'incertitude. Il est parfaitement acceptable de ne pas savoir quelque chose.

  • Ce qu'il ne faut pas faire : Paniquer, bafouiller, inventer.

  • Ce qu'il faut faire (la posture de cadre) : "C'est un point très précis que je ne maîtrise pas en détail. Cependant, ma réflexion sur le sujet serait la suivante..." OU "Je ne dispose pas de ce chiffre exact, mais je sais que l'ordre de grandeur se situe autour de... et que l'enjeu principal est...".

Vous montrez de l'honnêteté, de l'agilité intellectuelle et une capacité à rebondir. C'est cela qu'on recrute.

5. La préparation comme armure : Maîtriser votre parcours

Le syndrome de l'imposteur prospère dans le flou. Plus vous serez au clair avec votre propre histoire, moins il aura d'emprise.

Ceci est vital, surtout en reconversion. Le jury va vous "challenger" sur votre changement de voie. Il ne le fait pas par méchanceté, mais pour tester votre solidité.

  • Le candidat imposteur : "J'en avais marre du privé, le public offre plus de sécurité..." (Subit).

  • Le candidat légitime : "Mon expérience dans le privé m'a permis d'acquérir des compétences en gestion de projet agile. J'ai constaté que ces compétences manquaient dans [tel domaine public], et je souhaite aujourd'hui mettre cette expertise au service de l'intérêt général sur..." (Proactif).

Action : Préparez votre "pitch" de 2 minutes. Racontez votre parcours non comme une série d'accidents, mais comme une construction logique et cohérente qui vous amène, aujourd'hui, devant ce jury.


🤔 Et si le doute était (un peu) votre allié ?

Voici une perspective différente. Les recherches (comme l'effet Dunning-Kruger) montrent que les personnes les plus compétentes sont souvent celles qui doutent le plus.

À l'inverse, les personnes les moins compétentes ont tendance à se surévaluer.

Votre doute n'est peut-être pas le signe de votre incompétence, mais le signe de votre lucidité et de votre exigence. Le candidat qui ne doute de rien est souvent celui qui inquiète le plus un jury !

Le but n'est pas d'éliminer le doute. Le but est de le gérer. Utilisez-le comme carburant pour vous préparer méticuleusement, pour vérifier vos sources, pour affûter vos arguments. Mais ne le laissez jamais prendre le volant le jour J.

Conclusion : Vous n'êtes pas là par hasard

Le syndrome de l'imposteur est une distorsion cognitive. C'est un miroir déformant qui occulte vos succès et grossit vos échecs.

Le jour de l'oral, le jury ne cherche pas à démasquer un imposteur. Il cherche à rencontrer un professionnel. Votre parcours, vos efforts, et surtout votre réussite à l'écrit vous ont donné un ticket d'entrée. Personne ne vous l'a offert.

Vous êtes légitime.

Votre seule tâche, le jour J, est de faire en sorte que votre conviction intérieure soit aussi visible que vos compétences sur le papier. Ne laissez pas une simple impression saboter des mois de préparation.

Et vous, quelle est la pensée "imposteur" qui vous freine le plus dans votre préparation ? Partagez-la en commentaire, vous verrez que vous n'êtes pas seul.

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